
Autrefois les Tellem vivaient dans les parois de la falaise de Bandiagara. Les Dogon les ont remplacés il y a plusieurs siècles.
Aujourd'hui les maisons Tellem servent de greniers aux Dogon, établis au pied de la falaise
J'ai été particulièrement marqué par mes rencontres maliennes, juste avant l'irruption du jihadisme, au cœur d'un peuple aussi attachant et aussi intensément animiste que celui du pays Dogon, réfugié depuis des siècles dans la falaise de Bandiagara.
Voici l'instituteur et ses élèves, le forgeron-circonciseur mais aussi le hogon-sorcier, le chef et les sages assis sous la case à palabres, et toutes ces personnes rencontrées sur les pistes sahéliennes du Sud-Est malien...

Les paysans Dogon cultivent l'oignon, qu'ils échangent au marché de Bandiagara notamment contre le sel

La carte du Mali. Le pays Dogon est au Sud-Est de Bandiagara, le long de la frontière burkinabé



Les anciens du village se réunissent quotidiennement sous la toguna (la case à palabres).
Le chef du village est un homme vénérable, choisi pour sa sagesse et le respect qu'il suscite au sein de la communauté.
La Toguna, ou maison de la parole, est l'endroit où les hommes se réunissent pour discuter des affaires du village, régler les conflits, enseigner aux jeunes ou simplement discuter.
La Toguna est constituée de huit piliers sur lesquels reposent huit couches de tiges de mil ; le chiffre huit, selon la cosmogonie Dogon, correspond au nombre des premiers ancêtres. Les piliers sont parfois sculptés de scènes faisant référence à un événement du mythe des origines.
Si le toit de la Toguna paraît anormalement bas, c'est simplement parce que les hommes y règlent les problèmes, assis, et si l'un d'entre eux s'emporte en se levant pour mieux se faire entendre, il est rapidement calmé en se cognant le crâne au plafond. La "case à palabres " est restaurée chaque année, après la saison des pluies, par les hommes du village qui consolident le socle et en ravivent les symboles et les couleurs.
Garçons et filles sont dans la même classe, les niveaux peuvent y être mélangés.
A Songho comme dans tous les villages dogon, la scolarisation des enfants est un gros souci. L’un des enfants habitant l’un des hameaux du village fait d’ailleurs 7 km pour venir à l’école. Le taux de scolarisation est de 15% environ. Il s’explique par les raisons financières mais aussi culturelles. Les adultes, notamment les femmes quittent le village à la suite de mauvaises récoltes laissant les enfants avec leurs grands-parents dont ils deviennent le soutien (corvées d’eau, de bois…) et ne vont plus à l’école.






Pour freiner l’exode des femmes mères d’enfants d’âge scolaire,
le directeur de l’école a créé en 2009 une association : M.E.R.E. Le chef du village a cédé un terrain sur lequel les mamans travaillent un potager et une pépinière. Les récoltes leur reviennent pour moitié le reste étant pour la cantine de l’école. Chaque femme reçoit également une poule et une chèvre permettant de nourrir sainement leurs enfants.
Des cours d’alphabétisation et de théâtre complètent le dispositif. Le but est
d’attacher les mamans au projet de l’école et d’améliorer leur condition de vie. Ce projet mené à bout de bras par le directeur de l’école nécessite courage et ténacité non seulement pour la mise en place mais également pour convaincre
inlassablement les habitants de l’utilité de cette démarche. Une ONG locale suit et finance partiellement le projet
d’attacher les mamans au projet de l’école et d’améliorer leur condition de vie. Ce projet mené à bout de bras par le directeur de l’école nécessite courage et ténacité non seulement pour la mise en place mais également pour convaincre
inlassablement les habitants de l’utilité de cette démarche. Une ONG locale suit et finance partiellement le projet


Issa, instituteur à Niongono, et le directeur de l'école fondamentale de Songho. Plus bas: le forgeron de Niongono et son fils. Leur maison est en dehors du village.

le forgeron de Niongono et son fils

la maison du forgeron
Chez les Dogon, le rituel de la circoncision a un rôle social très important car il marque le passage de l’enfance vers l’âge adulte.
Il est jonché d’épreuves afin que l’enfant assimile ce passage non seulement comme un passage vers le monde des adultes mais aussi vers l’univers des hommes valeureux.
On attend qu'il y ait 10 à 15 jeunes gens en âge de l'être, soit entre huit et douze ans. Ce contingent forme un Tumo, une classe d'age, auquel ils seront identifiés toute leur vie.
Le conseil des anciens fixe une date et les enfants sont prévenus quelques
semaines auparavant. Le circonciseur, généralement un vieil homme, parfois un
forgeron, n'appartient pas forcément au village. La circoncision se fait toujours au même endroit, comme dans une grotte.
semaines auparavant. Le circonciseur, généralement un vieil homme, parfois un
forgeron, n'appartient pas forcément au village. La circoncision se fait toujours au même endroit, comme dans une grotte.

Les enfants sont circoncis les uns après les autres en commençant par les plus
âgés. A la fin, le serpent lébé arrive et reçoit en offrande un poulet. Ils restent
ensuite un mois entier dans la grotte jusqu’à la guérison complète. Pendant ce mois, le père monte chaque jour et le jeune est initié aux secrets de la famille et du village. Ces secrets ne doivent jamais être partagés avec les femmes c’est la raison pour laquelle après le mois dans la grotte, les jeunes vivent ensemble dans un maison en attendant leur mariage.
âgés. A la fin, le serpent lébé arrive et reçoit en offrande un poulet. Ils restent
ensuite un mois entier dans la grotte jusqu’à la guérison complète. Pendant ce mois, le père monte chaque jour et le jeune est initié aux secrets de la famille et du village. Ces secrets ne doivent jamais être partagés avec les femmes c’est la raison pour laquelle après le mois dans la grotte, les jeunes vivent ensemble dans un maison en attendant leur mariage.
La grotte de circoncision est entièrement décorée de peintures évoquant les mythes dogons, les animaux mythiques notamment le serpent. Trois couleurs
fondamentales apparaissent: Le blanc (obtenu par de l'os broyé), symbole de bonheur et de chair. Le noir (cendres) représente les aliments L'ocre symbolise le sang. La photo du Lébé a été prise dans la grotte de Songho.
fondamentales apparaissent: Le blanc (obtenu par de l'os broyé), symbole de bonheur et de chair. Le noir (cendres) représente les aliments L'ocre symbolise le sang. La photo du Lébé a été prise dans la grotte de Songho.
A la fin du mois, a lieu une cérémonie pendant laquelle les jeunes doivent montrer leur adresse et leur courage. Ils font une longue course et doivent viser la pointe supérieure de la grotte en lançant un objet. Celui qui arrive premier choisit la femme qu’il veut dans le village, le 2ème reçoit une terre et le 3ème un animal

Le Hogon est le responsable des relations établies par les hommes avec les
ancêtres mythiques. Il porte un bonnet rouge.
ancêtres mythiques. Il porte un bonnet rouge.
Il représente le dignitaire principal du culte rendu à Lébé (le serpent). Dignitaire religieux, il est aussi le garant des récoltes et de la venue des pluies fécondantes. Il procède aux sacrifices.
Il préside aussi le conseil des vieillards qui gère les affaires publiques. Son autorité, morale et religieuse, ne s’appuie pas sur la force. Il rend la justice, les sanctions allant de l’amende au bannissement à vie. C’est en principe le patriarche, détenant déjà une certaine sagesse qui est nommé Hogon.
Il possède sa propre maison qu’il ne quitte plus. C’est un des plus beaux édifices de l’aire villageoise élevé en banco. Sa façade est rythmée par un jeu subtil de pleins et de vides, de niches en creux. Elle est ornée de dessins polychromes en damier dans sa partie supérieure. Elle est coiffée de 8 monticules symbolisant les 8
ancêtres mythiques. C’est là qu’il reçoit ses visiteurs. Sa première femme lui apporte à manger. Mais le soir elle doit quitter la maison. Le Hogon ne se lave pas, la nuit le serpent lébé vient lui faire sa toilette en le léchant et lui transmet ainsi sa sagesse.
ancêtres mythiques. C’est là qu’il reçoit ses visiteurs. Sa première femme lui apporte à manger. Mais le soir elle doit quitter la maison. Le Hogon ne se lave pas, la nuit le serpent lébé vient lui faire sa toilette en le léchant et lui transmet ainsi sa sagesse.

Le Hogon de Sanga et son neveu


Scènes de la vie quotidienne en pays Dogon






LA TABLE DE DIVINATION
Les fonctions et la forme de la table de divination sont intimement liées au mythe, en particulier à Yurugu, le Renard pâle. Privé de la « parole », le renard garda la faculté de s’adresser aux hommes par les empreintes qu’il laissa sur le sol lors de ses déplacements.
Les habitants du village demandent au devin de poser des questions au Renard
pouvant concerner un mariage, un accouchement, une maladie, un ancêtre, une
décision à prendre, un voyage à entreprendre…
pouvant concerner un mariage, un accouchement, une maladie, un ancêtre, une
décision à prendre, un voyage à entreprendre…
Le devin dessine, avant le coucher du soleil, dans chaque case, des figures
symbolisant les questions posées. Les bâtons debout représentent les personnes, les bâtons couchés figurent les ancêtres et les tas de sable symbolisent les biens. Le devin seul sait de qui il s’agit. Puis il parsème la table d’arachides qui vont attirer le renard.
symbolisant les questions posées. Les bâtons debout représentent les personnes, les bâtons couchés figurent les ancêtres et les tas de sable symbolisent les biens. Le devin seul sait de qui il s’agit. Puis il parsème la table d’arachides qui vont attirer le renard.
Pendant la nuit, l’animal laisse ses empreintes sur les registres qui seront interprétés au matin par le devin. La lecture se fait de droite à gauche figurant allées et venues entre ciel et terre.
La divination « par le renard » est une activité réservée exclusivement aux hommes ayant atteint une certaine maturité. Les devins font partie des grands initiés mais les hogons ne peuvent pas y participer.
La divination « par le renard » est une activité réservée exclusivement aux hommes ayant atteint une certaine maturité. Les devins font partie des grands initiés mais les hogons ne peuvent pas y participer.